Un programme ambitieux vise à éliminer l’hépatite C à Montréal

L’hépatite C est une maladie insidieuse et très stigmatisée qui touche environ 58 millions de personnes dans le monde. De nombreuses personnes ne savent même pas qu’elles en sont atteintes jusqu’à ce qu’elles ressentent les symptômes de lésions hépatiques ou développent un cancer. Pour lutter contre l’hépatite C, trois médecins-scientifiques des meilleurs hôpitaux de Montréal ont créé une nouvelle initiative, Montréal sans HépC, pour faire de notre ville la première en Amérique du Nord à éliminer le virus.

On pourrait facilement supposer que l’hépatite C n’est pas un problème au Canada, mais la réalité est que plus de 200 000 personnes vivent actuellement avec ce virus à travers le pays. Ce qui est le plus choquant avec cette statistique, c’est qu’on peut guérir l’hépatite C. Malgré cela, elle est responsable de plus d’années de vie perdues au Canada que toute autre maladie infectieuse, y compris le VIH. Le virus touche des communautés moins bien desservies. Beaucoup de personnes ne sont pas soignées parce qu’elles se heurtent à d’importants obstacles pour accéder aux soins de santé. 

« Je crois fermement à un accès aux soins de santé adapté et de qualité pour tous. Avec Montréal sans HépC, nous pouvons réduire les obstacles aux soins pour certains des habitants les plus mal desservis de Montréal. On peut guérir l’hépatite C, et la guérison de l’hépatite C contribue à réduire sa transmission, un élément clé de l’élimination du VHC », affirme la Dre Julie Bruneau, chercheuse et clinicienne en médecine de toxicomanie au CHUM, ainsi que titulaire de la Chaire de recherche du Canada en médecine de toxicomanie.

L’ambition de Montréal sans HépC se trouve dans son nom : cette initiative mettra fin à la transmission de l’hépatite C, en travaillant étroitement avec les communautés les plus touchées en ville. Le programme est dirigé par la Dre Marina Klein, experte en maladies infectieuses au CUSM, par la Dre Julie Bruneau, médecin en toxicomanie au CHUM, et la Dre Christina Greenaway, cheffe de la division des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif.

Pour rencontrer les personnes moins bien desservies dans leur propre communauté, Montréal sans HépC s’est associé à 16 organismes communautaires. Leur objectif est de créer des interventions locales adaptées à cinq groupes à risque pour l’hépatite C : les peuples autochtones, les nouveaux arrivants, les personnes en situation carcérale, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et les personnes qui s’injectent des drogues.

« Notre programme vise à atteindre les communautés qui ont été infectées par l’hépatite C et à trouver des personnes qui ne sont peut-être pas conscientes de leur infection. À partir de là, nous augmenterons le nombre de tests, de diagnostics et de liens directs avec les soins », explique la Dre Klein, directrice de recherche au sein de la Division des maladies infectieuses et au Service des maladies virales chroniques du CUSM.

L’un des partenaires les plus proches de l’initiative est le Centre associatif polyvalent d’aide pour l’hépatite C (CAPAHC). Fondé en 2003, le CAPAHC offre des services de soutien et d’information aux personnes travaillant dans les communautés touchées par l’hépatite C, ainsi qu’aux personnes vivant avec le virus et à leurs proches. En travaillant ensemble, Montréal sans HépC et le CAPAHC peuvent s’assurer que les personnes atteintes d’hépatite C non traitée reçoivent des soins sans jugement.

« Notre organisme travaille à enrayer l’hépatite C depuis 20 ans. Montréal sans Hép C nous mènera dans la dernière ligne droite vers l’élimination de cette maladie », affirme Laurence Mersilian, directrice générale du CAPAHC.

L’hépatite C demeure un problème au Canada en raison des préjugés qui l’entourent : elle est associée à l’utilisation de drogues injectables. Cependant, la maladie est fréquente dans toutes les couches de la société. Les baby-boomers, en particulier, peuvent être infectés par le virus sans le savoir en raison d’une mauvaise stérilisation des instruments dentaires et chirurgicaux avant 1990. La crise du sang contaminé des années 1980, au cours de laquelle des personnes de tout le Canada ont été infectées par le virus à la suite de transfusions sanguines, a également été à l’origine de nombreuses infections.

« De nombreuses personnes ne savent même pas qu’elles sont infectées par le virus, et il peut s’écouler 20 à 40 ans avant que les complications apparaissent. Ce manque de diagnostics signifie que de nombreuses personnes ne sont pas traitées jusqu’à ce qu’elles tombent malades », explique la Dre Klein.

Étonnamment, le traitement de l’hépatite C n’est pas plus compliqué qu’un traitement quotidien; pris pendant huit à douze semaines, les médicaments antiviraux sont efficaces à 95%. Malgré cette solution simple, beaucoup trop de personnes vivent encore avec cette maladie et subissent ses complications. L’hépatite C touche des personnes vulnérables, dont beaucoup ont du mal à accéder au système de santé en raison d’un manque de sécurité culturelle, de barrières linguistiques, de la complexité du système de santé et de bien d’autres facteurs. C’est pourquoi Montréal sans HépC est si important : il offre des soins de santé adaptés aux patients, selon leurs conditions et dans des espaces où ils se sentent en sécurité.

« Ce qui m’a vraiment touchée, c’est de voir comment la guérison améliore considérablement l’estime de soi de mes patients. Ils ont le sentiment d’avoir accompli quelque chose et d’avoir une raison de vivre. Je pense que le modèle que nous proposons représente un moyen d’impliquer plus largement les gens dans leurs soins, pour de nombreuses conditions sociales et de santé interreliées, d’une manière positive qui aura des avantages durables », confirme la Dre Klein.

Montréal sans HépC a récemment reçu un généreux don de 1,35 million de dollars de la Banque Scotia, par l’intermédiaire de la Fondation du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), pour soutenir la mise en œuvre du programme. La philanthropie a joué un rôle essentiel en aidant les Dres Klein, Bruneau et Greenaway à créer les fondations de leur programme et réduire le fardeau de l’hépatite C à Montréal. Grâce au soutien des donateurs, elles espèrent créer un modèle de prévention de l’hépatite C qui pourra être reproduit sur tout le continent et même dans le monde entier.

« Montréal sans HépC n’améliorera pas seulement la santé des Montréalais, elle a le potentiel de changer la vie de millions de personnes. C’est le pouvoir de la philanthropie. Chaque don que nous recevons pour ce programme est un pas de plus pour faire en sorte que personne ne perde la vie à cause des complications de l’hépatite C », déclare Julie Quenneville, présidente-directrice générale de la Fondation du CUSM. 

Avec l’aide de la Banque Scotia et l’expertise de ses fondatrices, Montréal sans HépC se prépare à déployer son programme qui changera la vie de milliers de Montréalaises et de Montréalais.

« Notre désir de guérir cette infection n’est pas seulement pour restaurer la santé du corps. Il s’agit aussi de restaurer la dignité en contribuant à mettre fin à la stigmatisation », affirme la Dre Klein.

Montréal sans HépC est une priorité de la Fondation du CUSM dans le cadre de sa campagne Osez rêverpour résoudre les énigmes les plus meurtrières de l’humanité, qui vise à amasser 60 millions de dollars pour soutenir la recherche novatrice sur les maladies immunitaires et infectieuses de l’Initiative interdisciplinaire en infection et immunité de McGill (MI4). Pour en savoir plus sur la campagne et faire un don dédié à MI4, visitez le https://fondationcusm.com/travaux/resoudre-les-enigmes-les-plus-meurtrieres-de-humanite

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